
LES RENCONTRES DU PARI DE LACAN À TOULOUSE
9 mars 2024 - 14 h 00 min - 18 h 00 min

L’ATELIER
Le fantasme : Usages et mésusages de l’écran
(responsable Fabienne Guillen – 06 80 15 96 86)
14h – 16h
Si la pensée commune cantonne le fantasme à la dimension de l’imaginaire, c’est oublier que le premier grand virage de Freud, en 1987, a consisté à abandonner la théorie du traumatisme comme cause du symptôme, pour mettre en avant le fantasme.
Mais à quoi nous sert le fantasme qui se manifeste sous de multiples visages, des rêves éveillés aux fantasmes sexuels, de la petite histoire que le sujet se raconte pour s’endormir aux théories sexuelles infantiles ? Loin de se réduire à une image, le fantasme est plutôt une phrase qui encadre la réalité et le monde du sujet. En 1915, Freud affirme l’existence de fantasmes originaires, liés au refoulement originaire, qui soutiendraient la formation des rêves et des symptômes. Même si chez lui les fantasmes restent pluriels, il en dégage la grammaire dans ce fantasme paradigmatique « On bat un enfant » dont la formulation fondamentale ne peut jamais sortir du refoulement originaire : « Je suis battu par le père ». Lacan fait un pas de plus en étudiant pendant toute une année de son séminaire (1966-1967) « la logique du fantasme » et nous en livre le mathème : $ poinçon a. Il dégage ainsi la structure du fantasme fondamental de chaque sujet qui soutient son désir tout en lui permettant de méconnaître sa division d’avec l’objet qui la cause.
Cet impossible connote bien le rôle d’écran que le fantasme assure pour occulter le réel, non pas le traumatisme contingent de telle ou telle scène de l’histoire du sujet, mais « le trou-matisme » de la rencontre d’un organisme vivant tombant dans le bain du langage qui l’accueille à sa naissance. En effet, le symbolique reste muet face à l’existence, le sexe, la mort et surtout la vie qui demeurent un pur non-sens. C’est ce qui fait dire à Lacan que le fantasme est la seule entrée du sujet dans le Réel, l’Autre absolu du sens.
C’est pourquoi le sujet va devoir se construire un fantasme qui tente de faire pièce à ce trou dans l’étoffe de son monde. Sans doute, est-ce cela qui nous permet de saisir pourquoi Lacan nous dit qu’à contrario de toutes les psychothérapies, la psychanalyse est une pratique « traumatique » puisque son but consiste pour le sujet à reconstruire son fantasme fondamental. A occuper la place du parent traumatique, l’analyste permet à son analysant de construire son fantasme fondamental en revenant aux sources de sa relation primordiale à l’Autre qu’il peut enfin destituer. Seule cette traversée du fantasme permet le réveil du sujet car il atteint enfin un bout de réel.
Ne pourrait-on pas voir dans cette optique décidée de la psychanalyse de ne pas occulter le réel, la raison de cette aversion grandissante que lui voue une société contemporaine qui cherche de façon non moins décidée à dénier cet aspect structural du traumatisme ? Mais alors, quelles incidences va avoir sur la subjectivité de notre époque cette inflation toujours grandissante et de plus en plus précoce de l’usage des écrans, de ces fantasmes « ready-made » qui risquent d’entraver la construction singulière du fantasme de chacun ?
LES COMMUNS
La psychanalyse face aux problèmes cruciaux de notre temps
(responsables Hélène Seguin – 06 86 56 11 02 – Rémi Brassié et Dimitris Sakellariou)
16h – 18h
Cette séquence vise à être un espace partagé où chacun est appelé à apporter son écot. Nous invitons non seulement les cartels et les cartellisants, mais aussi les groupes de travail, et tout un chacun qui le souhaiterait à venir partager ses points de butée et ses élaborations autour des problèmes rencontrés dans le monde actuel. En quoi et comment la psychanalyse y est intéressée ? Chacun est ainsi encouragé à faire l’expérience de cette mise en commun permanente, véritable cœur du travail de la psychanalyse hors la cure. Les communs se feront l’écho de cet incessant work in progress.
Entrée libre
Samedi 14h – 18h à TOULOUSE
Salle du Sénéchal
17 rue de Rémusat
métro Capitol