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Le traumatisme en situation d’exil, la politique interroge la clinique

Auteur: HARIZANOVA Eli

Le traumatisme en situation d’exil, la politique interroge la clinique

  • Posté par le pari de lacan
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Le discours dominant actuel (en tout cas celui qui se veut bienveillant) situe un sujet en situation d’exil dans une identité fermée entre traumatisme et différence culturelle. Cette réduction devenue banale est critiquable à mon avis pour au moins deux raisons :

D’abord il y cette tentative de tout expliquer et de tout dire du sujet par le concept de la culture qui débute avec l’ethnopsychiatrie et qui se décline dans des formes plus au moins diluées (comme la psychologie interculturelle, l’ethnoclinique et autres…). Du déni de l’altérité qui restait sourd aux références culturelles d’un sujet, nous sommes passés à la fétichisation de la différence réduite aux origines, au recouvrement de l’inconnu par l’exotique et au rabattement du singulier sur le culturel.

La critique du culturalisme n’est pas mon propos aujourd’hui et c’est pour cette raison que je vais aller vite :

La culture est un concept flou et impossible à définir d’une manière universelle : ethnicité ? Nation ? Langue ? Religion ? Valeurs ? Goûts ? Différences de jouissances ?

Au fond, dans tous les discours sur la culture, je n’entends qu’un postulat simple : l’autre est différent. Quelle découverte ! (bien sûr il se pose la question de statut qu’on donne à cette différence et le sors qu’on lui réserve, c’est là que commencent des divergences de taille…).

Ainsi je retiens le paradoxe que Sidi Askofaré propose et développe d’une façon fort éclairante comme réponse à la question qu’est-ce que la clinique interculturelle. Ce paradoxe s’exprime en deux énoncés :

-toute clinique est interculturelle et

-il n’y a pas de clinique interculturelle

(Sidi Askofaré « Une clinique interculturelle? » dans Pratiques cliniques, psychopathologie et démarche interculturelle, Cahiers COFRIMI n°3, 1997)

Le deuxième point qui provoque un agacement chez moi dans les discours sur les personnes en situation d’exil c’est leur rangement systématique dans la catégorie devenue fourre-tout, celle du traumatisme.

Aujourd’hui le PTSD (poste traumatic stress disorder) est tellement à la mode que plus personne n’y échappe. Ressèment j’écoutais à la radio un expert en psychologie de l’enfant qui défendait bec et ongles les apprentissages par le jeu afin d’éviter à l’enfant, je cite « le traumatisme » de l’examen.

Peut-être il n’y a pas besoin de travailler comme moi avec des mineurs venus d’ailleurs qui vous racontent des histoires d’atrocité pour repérer que la qualification « traumatisme » portée à la situation d’examen, semble aller dans le sens d’une victimisation généralisée très actuelle où le trauma tend à recouvrir toute blessure physique ou morale, autrement dit tout dommage qui réclamera bien sûr sa réparation. Il faut noter ici que ce discours confond événement et traumatisme, ou plus précisément réalité objective (côté incident) et réalité psychique (côté subjectivation).

En outre si comme le prétend cette même tendance actuelle, l’intensité du traumatisme est proportionnelle à celle de l’événement, comment répondre alors à la question posée par la clinique, à savoir pourquoi le même événement ne produit pas automatiquement le même état psychique chez chaque personne qui l’a vécu ?

En effet ma pratique d’accueil des mineurs venus d’ailleurs me confronte régulièrement à la question du statut des manifestations (ou de l’absence de manifestations) symptomatiques qu’on peut mettre en lien avec un vécu que je préfère ne pas qualifier par un adjectif afin de ne pas en rajouter de côté de la fascination morbide.

Je suis partie de deux constats issus de mon expérience.

D’abord la majorité des manifestations symptomatiques (cauchemars, maux de tête, flash-back quasi hallucinatoires etc) apparaisse paradoxalement dès que les patients retrouvent un sentiment de sécurité objective. Autrement dit la situation de survie « protège » de l’éclosion du traumatisme psychique. Ce retardement peut être mis du coté du temps de latence largement décrit dans les observations cliniques des traumas. En tout cas ceux que j’écoute m’ont appris que la lute pour la survie concrète met entre parenthèse les processus psychiques ou pour le dire d’une manière plus précise : exister principalement comme objet (de la jouissance de l’autre ou des besoins vitaux) suspend la subjectivité.

Le deuxième constat est devenue pour moi la pointe de mon savoir (Deuleuze) qui le sépare de mon ignorance. C’est à partir de là que je me suis intéressée au trauma et plus particulièrement à la question « fait-il symptôme » ?.

Le constat est le suivant : globalement les manifestations symptomatiques s’embrasent dès que les jeunes se retrouvent en sécurité et cette flambée les fait très demandeurs d’un dispositif d’accueil de leur parole. Or, très rapidement après seulement quelques séances (parfois dès la deuxième) ils me disent « Ça va mieux » (confirmé par l’équipe) et ils ne souhaitent pas poursuivre nos rencontres. Ils trouvent que venir dans l’espace que je leur propose, ne fait que les ramener à des souvenirs douloureux qu’ils disent vouloir et pouvoir oublier. (Je tiens à préciser que ma position clinique se différencie radicalement de toute technique de debriefing (très à la mode), je n’impose jamais le choix d’une thématique).

Alors voici la question très simple que je me suis posé : si les manifestations symptomatiques sont celles d’un trauma psychique, comment se fait-il qu’ils disparaissent si rapidement.

Bien sûr je pourrai me dire que tout ça n’est que le résultat de mes compétences et de mon efficacité, or vous vous en doutez que si je suis là aujourd’hui, c’est parce que je n’envisage pas cette réponse.

BREF RAPPELLE AUTOUR DU TRAUMATISME

Le traumatisme est un mot qui dérive du grec et qui signifie à la fois une effraction et une blessure. Il désigne au départ une atteinte corporelle, physique.

Dans le domaine du psychisme, il désigne les conséquences d’un événement dont la soudaineté, l’intensité et la brutalité peuvent non seulement entraîner un choc, mais aussi laisser des traces durables sur le psychisme d’un sujet, qui s’en trouve alors altéré.

L’événement traumatisant (ou de type traumatique) est ainsi un événement violent, qui surgit sans avertissement et auquel le sujet n’est pas préparé.

Voilà ce que nous dit Freud dans « l’Au-delà du principe du plaisir » : “Nous constatons ainsi que l’apprêtement par l’angoisse, avec le surinvestissement des systèmes récepteurs, constitue la dernière ligne du pare-stimuli.”

L’événement brutal — qui prend le sujet par surprise et le prive donc de l’angoisse comme défense – entraîne, sur le plan psychique, une effraction de la barrière pare- excitante, ce qui fait que le psychisme est débordé par une excitation qu’il ne peut comprendre et gérer. Cela entraîne une perturbation massive du fonctionnement psychique et des défenses établies jusque-là, perturbation qui peut aller, dans les cas extrêmes, jusqu’à l’effondrement.

En somme il s’agit d’une mauvaise rencontre sans rdv qui laisse comme résultat quelque chose en TROP d’où le néologisme de Lacan : « tropmatisme » (1975)Autrement dit le sujet se cogne un réel qui reste inapparolable pour reprendre le passé composé du néologisme de Lacan proposé par P.Bruno.

Cependant il faut noter que dans l’homme Moïse Freud spécifient deux destins du traumatisme (Freud, 1939, 158-169) :

  • positif, organisateur, il permet par à-coups successifs « la répétition, la remémoration et l’élaboration » ;
  • négatif, il crée une enclave dans le psychisme (un état dans l’état) qui empêche les activités de répétition, de remémoration, d’élaboration, et accomplit son œuvre

–   le traumatisme sexuel infantile

Le cas « Emma » que vous connaissez tous, permet de saisir comment la survenue d’un événement à caractère sexuel surprend l’appareil psychique qui dans son immaturité à cette époque ne dispose pas de la signification sexuelle pour pouvoir nommer l’excitation éprouvée. Cet événement resté en suspend sera réveillé dans un second temps par une scène qui lui confie cette fois-ci une signification sexuelle. La nouvelle interprétation ainsi reçue, est l’élaboration psychique qui permet le refoulement.

L’amnésie est l’indice de ce refoulement qui produit par ailleurs des symptômes qui par la métaphore ou la métonymie entretiennent un rapport symbolique avec le trauma.

Dans ce cas le traumatisme sexuel infantile est réactivé par la répétition symbolique avec ses coordonnées signifiants que Freud isole d’une manière très précise. Un trajet est ainsi effectué, celui du trauma au traumatisme.

–   le sujet sous trauma , (névrose traumatique)

Ce cas de figure est très différent du premier. En effet les sujets sous trauma souffrent d’une hypermnésie, ils ne peuvent justement rien oublier de la scène traumatique ; l’événement persiste dans un présent terrifiant qui s’étire à l’infini. Les flash-back diurnes ou les cauchemars de la nuit, répètent sans modification et avec une insistance quasi hallucinatoire les épisodes vécus.

D’ailleurs quand j’écoute les récits des mineurs que j’accompagne, je constate souvent que mettre en mots ce qu’ils ont traversé les fait revivre dans l’actuel ce qui devait appartenir au passé.

C’est comme si dans ces récits il y a une trop grande proximité entre le signifiant et la chose qui ne permet pas de raconter mais qui oblige plutôt à réitérer les événements.

Par conséquent il existe un danger qui est loin d’être imaginaire, dans toutes ces techniques qui cherchent la verbalisation jusqu’à la lie, mais aussi dans tous ces dispositifs dont l’injonction de raconter son parcours ne se soucient guerre de garantir une limite aux effets qu’ils produisent. (Je reviens sur ce point à la fin de mon exposé).

Je me rappelle d’un jeune homme qui me décrivait la scène de l’assassinat de son père et qui me montrait avec un geste extrêmement précis la chute du corps, son emplacement concert dans la pièce en reproduisant le bruit du coup de fusil. Ceci se répétant à chaque séance.

Il n’y a aucun refoulement possible, l’événement ne parvient pas au statut de souvenir, un souvenir susceptible d’être oublié. Le jeune homme se plaignait d’ailleurs des cauchemars et des flash-back, il souhaitait que tout ça s’arrête et le laisse tranquille mais finissait toujours par rajouter qu’il n’oublierait jamais… Le problème était que depuis son arrivée en France et l’apparition des manifestations symptomatiques, il rencontrait de grandes difficultés scolaires, car, comme il me disait, il n’arrivait pas à apprendre parce qu’il n’arrivait pas à se souvenir. Effectivement comment se souvenir quand on n’arrive pas à oublier ?

Le trauma apparaît comme une coupure radicale entre un avant et un après qui exclue toute dialectique. Le passé est rarement évoqué, le future semble impossible, le sujet reste englué dans un présent où il est réduit à l’événement. Il ne construit aucun symptôme puisque rien n’est traduit, rien n’est déplacé. Les manifestations symptomatiques chez les sujets sous trauma sont des réitération du traumatisme initial.

Il reste tel un « corps étranger » en position paradoxale d’être à l’intérieur du psychisme du sujet mais sans contact signifiant avec ce qui détermine ce sujet du point de vue de l’inconscient. La répétition qui se manifeste alors dans cette situation de traumatisme non noué, non lié, n’est pas symbolisante. Elle apparaît plutôt comme une tentative désespérée mais toujours en échec de créer du sens. C’est plutôt une réitération du même, une répétition d’un inaugural qui se répète identique à lui- même. On peut dire que c’est une tuché mais sans automaton.

O.Douville exprime ces éléments d’une manière plus élégante que moi, alors je le cite : On peut nommer trauma un destin de la contrainte à la répétition qui ne s’achève pas dans le compromis symptomatique mais prend corps dans un acharnement de la pulsion de mort sur le psychisme même du sujet. Ce dernier est alors en prise avec une jouissance qui ne se laisse pas régler par l’économie névrotique de la castration. »

Il s’agit donc de deux situations opposées : si dans la première le trauma fait écho à l’infantile et entre en résonance avec le réseau de signifiant déterminant pour le sujet, dans la seconde il s’agit d’une irruption de réel qui reste non lié, non supporté par le fantasme.

En termes borromeéns, l’invasion du Réel brouille les bords du Symbolique et de l’Imaginaire. La tuché traumatogène, pour reprendre l’expression d’Alain Didier- Weill, coupe le lien discontinu qui le nouait distinctement au Symbolique et le contamine.

A ce propos j’ai remarqué qu’un sujet psychotique n’entre pas dans une symptomatologie traumatique mais fait un épisode psychotique. Ainsi d’avoir regardé à la télévision les images et les commentaires des attentats à Paris, un de nos jeunes mineurs isolés s’est mis à délirer nécessitant une hospitalisation en urgence. Dans ce qu’on appelle son parcours migratoire il a été menacé par ses passeurs qu’il dit arabes, menacé d’être jeté du bateau en plein mer. Le fait que les auteurs des attentats soient largement présentés dans la presse comme étant des arabes, a provoqué chez ce jeune homme la conviction délirante qu’un des ses éducateurs d’origine maghrébine, allait l’empoisonner.

Dans le Séminaire des NON DUPES ERRENT, Lacan prend le nœud olympique comme ce qui caractérise la structure névrotique : « Si l’un des nœuds claque de fait de quelque chose qui ne vous concerne pas, vous n’en devenez pas fou pour autant, parce les deux autres tiennent ensemble, et c’est ça qui veut dire que vous êtes névrosé… Les névroses rien ne leur fait, que ce soit R, I ou S qui leur manque, ils tiennent le coup ».

Alors pour le cas de la névrose, je me suis permis de prolonger la formule de P.

Bruno. En effet si « le trauma est l’événement qui ne peut pas s’inscrire dans le lieu de l’Autre » c’est peut être parce que ce dernier est comme on dit « momentanément hors service ».

Le débordement de la tuché traumatogène inonde le lieu de l’Autre, le plongeant ainsi dans l’immonde du lieu de la jouissance. Sans médiation le sujet exposé à La Chose, s’abîme dans un trou devenu sans bords quand les digues de la loi du signifiant cèdent et ne proposent plus aucun barrage. Sidération !

 

EXIL :

Fethi Benslama, cherchant à constituer une clinique de l’exil, nous décrit sa conception :

« Ce n’est pas arbitrairement ou par snobisme que nous avons présenté le terme exil comme terme clé du déplacement humain parce que l’expérience de l’exil est simplement l’expérience du hors lieu, comme cela est inscrit dans le mot même (ce mot désigne par son préfixe « ex » le dehors, et par son suffixe « il » la notion de lieu) et ce mot est le seul qui désigne spécifiquement dans la langue française le déplacement humain à la différence de tous les autres mots, dont migration qui concerne l’ensemble du règne animal. »

Il est intéressant de souligner qu’exil et existence ont d’ailleurs la même racine : « être hors de », « se séparer », scission, sécession qui ne sont pas sans renvoyer tout un chacun à l’inconnu de son origine et de son sort.

L’exil n’est pas simplement le changement d’un pays. Il implique au-delà de la séparation d’avec une terre, le destin en devenir de l’humain comme sujet à advenir au monde.

L’exil concerne donc ce que le sujet paie comme prix de son entrée dans le processus d’humanisation, à savoir cette perte originaire, que chacun s’approprie et élabore en fonction de sa subjectivité, de son histoire prise dans l’Histoire.

Cette perte qui fonde l’être humain, comme sujet parlant, et bien elle constitue de fait cet autre en plein cœur de soi même, cet étranger intime qui est un dedans cependant exclu et que Lacan appelle « l’extime ». Cette part de soi-même qui est irrémédiablement perdue dès l’entrée dans le monde du langage, et qui demeure inaccessible, irreprésentable. On peut l’appeler l’être, l’origine… etc.

Dans ce sens l’identité de l’homme est faite d’altérité ! Il est un être exilé par et dans le langage. Ainsi les philosophes arabes ont appelé la psyché « exil » !

L’opération initiale de coupure d’avec l’Autre mais aussi de lien (car pas de lien sans coupure), est notre premier exil. On peut l’appeler exil primaire en opposition à celui que le sujet peut effectuer dans un second temps lors d’un déplacement ou d’un franchissement.

J’arrive ici à cette hypothèse qui me permet de naviguer à vue dans ma pratique :

la séparation, la perte inhérente à l’exil primaire et qui constitue une véritable « épreuve de l’étranger », se réactualise dans tout franchissement d’une frontière, qu’il s’agisse d’un renoncement, d’un deuil, d’un changement de pays, d’une rupture historique.

Ainsi l’actualité de la conjoncture du mouvement d’un site à un autre, rencontre l’inactualité de la structure dans cette condition existentielle qu’on nomme l’incomplétude. Autrement dit l’épreuve du déplacement est une expérience qui remet en cause les fondations même du sujet.

Elle est ce saut hors de, ce bondir dans l’inconnu qui trouve sa résolution dans l’effectuation d’un passage et ma clinique auprès des personnes en situation d’exil m’a appris que certains sujets rencontrent des difficultés plus ou moins graves sur ce chemin. Pour eux la question de la demeure, de chez-soi, de heim pour le dire avec Freud, ne trouve pas de réponse. Ils flottent dans un entre-deux éternisé qu’ils expriment souvent par « je ne suis ni ici, ni la bas ».

Pour le dire avec F. Benslama : « la m a l a d i e d e l ’ e x i l n ’ e s t pas la perte du pays mais la perte du lieu où exister ». Il s’agit au fond d’une véritable impossibilité d’habiter psychiquement un lieu, d’y trouver une inscription. Les deux conséquences cliniques sont l’errance et l’indisponibilité subjective.

Ce que j’essaie de dire c’est que l’exil ne concerne pas l’endroit où on vit mais le lieu d’où on tire légitimation de notre existence.

S i l ’ e n d ro i t e s t p e r c e p t i b l e , r e p r é s e n t a b l e e t m e s u r a b l e , l e l i e u n e p e u t ê t r e q u e l e r é s u l t a t d u l a n g a g e c a r i l e s t u n e s p a c e d i t e t n o m m é . A i n s i c e q u i c o m p t e p o u r l e s u j e t h u m a i n , c e n ‘ e s t p a s t a n t l a t r a v e r s é e d e l ‘ e s p a c e , m a i s c ‘ e s t l a c o n s t i t u t i o n d e c e t e s p a c e e n l i e u p o u r l u i .

N o u s s o m m e s i c i d a n s l e r e g i s t r e s y m b o l i q u e o u c e q u e L a c a n d é s i g n e c o m m e l e l i e u d e l ‘ A u t r e . P a r c o n t r e l a q u e s t i o n d e l a p l a c e q u i e s t d ‘ a i l l e u r s d o m i n a n t e d a n s l e d i s c o u r s i n s t i t u t i o n n e l ( t r o u v e r u n e p l a c e d a n s u n f o y e r ) m a i s a u s s i d a n s l e s p r é o c c u p a t i o n s d e s j e u n e s ( t r o u v e r   u n e   p l a c e   à   l ‘ é c o l e )   f a i t   a p p e l   a u   r e g i s t r e I m a g i n a i r e . A i n s i f a u t e   d e   p o u v o i r   t r o u v e r   u n e   i n s c r i p t i o n s y m b o l i q u e d a n s l e l i e u d e l ‘ A u t r e , l e s u j e t s ‘ o b s t i n e à c h e r c h e r u n e p l a c e q u i d o n n e u n p e u d e m a t é r i a l i t é a u l i e u m a i s q u i l e m e t d ‘ e m b l é e d a n s u n e l o g i q u e d e r i v a l i t é .

B i e n s û r l a q u e s t i o n d e l a c a u s e d e l ‘ i m p o s s i b i l i t é d e t r o u v e r u n e i n s c r i p t i o n d a n s l e l i e u d e l ‘ A u t r e n e p e u t t r o u v e r u n e r é p o n s e q u e d a n s l a c l i n i q u e d u c a s p a r c a s . J e c h e r c h e j u s t e à d é g a g e r l e s c o o r d o n n é e s d e l a s i t u a t i o n d ‘ e x i l a f i n d e d é m o n t e r q u ‘ e l l e m o b i l i s e p o u r c h a q u e s u j e t s o n r a p p o r t à l ‘ A u t r e e t l e v i d e q u ‘ i l c o n t i e n t . D a n s c e s e n s l ‘ e x i l v a c i l l e e n t r e m a l é d i c t i o n e t p r o m e s s e .

U n e g r a n d e p a r t i e d e s m i n e u r s q u e j e r e ç o i s p r é s e n t e u n é t a t t r è s

s i m i l a i r e d e   c e   q u e   F r e u d   q u a l i f i e   d e   d é t r e s s e   f o n d a m e n t a l e ( H i l f l o s i g k e i t ) . I l s ‘ a g i t d e l ‘ é t a t d u n o u r r i s s o n q u i , d é p e n d a n t e n t i è re m e n t d ’ a u t r u i p o u r l a s a t i s f a c t i o n d e s e s b e s o i n s ( s o i f , f a i m ) , s ’ a v è re i m p u i s s a n t à a c c o m p l i r l ’ a c t i o n s p é c i f i q u e p ro p re à m e t t re f i n à l a t e n s i o n i n t e r n e .

U n e s i t u a t i o n o ù l e s u j e t e s t e x p o s é e à l a s o l i t u d e r a d i c a l e é t a n t d é m u n i d e   t o u t ,   s a n s   r e c o u r s   p o s s i b l e ,   n i   s e c o u r s   v é r i t a b l e , i m p a r a b l e . D a n s u n t e m p s l o g i q u e c ‘ e s t u n m o m e n t p r é a l a b l e à l a c o n s t r u c t i o n d u l i e u c o m m e d o m i c i l e p r o p r e a u s u j e t d a n s l ‘ A u t r e e t g a r a n t i p a r l u i . R i e n n e s i g n i f i e e t n e l é g i t i m e s o n ê t r e a u m o n d e . L e s u j e t c o u p é d e t o u t , p l u s r i e n n e v i e n t s u p p o s e r s o n e x i s t e n c e .

Vo u s a l l e z p e u t ê t r e f a i r e l a r e m a r q u e q u ‘ a u f o n d i l n e s ‘ a g i t q u e d u d e s t i n d e t o u t u n c h a c u n d a n s c e q u e L a c a n a p p e l l e l a s i t u a t i o n i n c o m m o d e d ‘ ê t r e h o m m e . E n e ff e t s i la constitution de la subjectivité implique la mise en place d’un lieu, c’est un lieu de dire qui comme tel reste exposé, structuré autour d’une faille. Autrement dit, ce lieu d’où le sujet serait en mesure de tirer sa légitimité pour pouvoir vivre sa vie, cad prendre la parole, reste pour chacun un lieu fondamentalement incertain.

O r, l e s u j e t  e n   e x i l   e s t   c o n f r o n t é   à   l a   f o i s   à   l ‘ i n c e r t i t u d e c o n j o n c t u r e l l e d e l ‘ e n d r o i t ( u n e n d r o i t i n c o n n u o ù p e u t – ê t r e i l n e p o u r r a p a s r e s t e r ) e t à l ‘ i n c e r t i t u d e s t r u c t u r e l l e d u l i e u ( j e v i e n s d ‘ e n p a r l e r ) . A c e t t e d o u b l e p e i n e s e r a j o u t e s o u v e n t l a p e r t e d a n s l e r é e l d e l ‘ A u t r e p a r e n t a l q u i m o t i v e d a n s l a p l u s p a r t d e s c a s l a d é c i s i o n d e p a r t i r. ( B e a u c o u p d e j e u n e s d é c r i v e n t u n é t a t d ‘ e r r a n c e e t d e c o n f u s i o n s u i t e à l a m o r t d e l e u r s p a r e n t s q u i t r o u v e u n e « i s s u » d a n s l ‘ a g i r d u d é p a r t . . . )

A f i n d e c o m m e n c e r à c o n c l u r e , j e m e t s e n s é r i e d e u x f o r m u l e s , c e l l e d e P. B r u n o « l e t r a u m a e s t l ‘ é v é n e m e n t q u i n e p e u t p a s s ‘ i n s c r i r e d a n s l e l i e u d e l ‘ A u t r e » e t c e l l e q u i m e s e r t d e r e p è r e d a n s m a c l i n i q u e e t q u e j ‘ e m p r u n t e à F. B e n s l a m a : « l a m a l a d i e d e l ‘ e x i l e s t l a p e r t e d u l i e u o ù e x i s t e r » ( c a d l a p e r t e d e l ’ h é b e rg e m e n t p s y c h i q u e q u e l e s u j e t t r o u v e d a n s l ‘ A u t r e e t q u i l e l a i s s e f a c e a u v i d e d e s o n ê t r e o u p l u t ô t d e s o n p e u d ‘ ê t r e ) .

A l o r s p o u r p r e n d r e l e s c h o s e s à l ‘ e n v e r s d e m o n t i t r e , j e d i r a i s q u e l ‘ e x i l e n s i t u a t i o n d e t r a u m a e s t u n c a s d e f i g u r e b i e n p a r t i c u l i e r. E n e ff e t s i l ‘ e x i l e s t u n r é v e i l d u t r a u m a o r i g i n e l , i l n é c e s s i t e u n e é l a b o r a t i o n d a n s l e s e n s d ‘ u n e c o n v e r s i o n : c e l l e d u r é e l d u m a n q u e d e   s i g n i f i a n t   ( a c t e   d e   c r é a t i o n )   e n   s i g n i f i a n t   d ‘ u n   m a n q u e s y m b o l i q u e ( a c t e d e n o m i n a t i o n ) . O r, c e t t e o p é r a t i o n e s t c o u p é e p a r l e s u rg i s s e m e n t   d ‘ u n   a u t r e   t r a u m a   o ù   l ‘ i r r u p t i o n   d ‘ u n   R é e l i n n o m m a b l e , a b î m e d e   l a   C h o s e ,   d é b o r d e   e t   c o n t a m i n e   l e S y m b o l i q u e , b r o u i l l e l e s r e g i s t r e s e t n e p e r m e t p a s n o n p l u s l ‘ o b t u r a t i o n i m a g i n a i r e p a r l e f a n t a s m e .

D a n s c e s e n s , l ‘ e n j e u c l i n i q u e s e r a i t d ‘ a b o r d l e d é g a g e m e n t d ‘ u n e v a c u i t é d ‘ o ù s ‘ o r i g i n e l e d é s i r e c o m m e v o i e d e s o r t i e d e l a s i d é r a t i o n . S i l e s y m b o l i q u e n e p e u t p a s f a i r e d i s p a r a î t r e l e R é e l q u ‘ i l a f a i t a p p a r a î t r e , i l p e u t l ’ e n c h a î n e r, l e f o n d e r e t l e b o r d e r.

Il faut quand même noter ici que dans l’exil ( mais peut être aussi dans le trauma) malgré les moments d’impasse, malgré la difficulté du passage et la souffrance indéniable qu’il engendre avec son escorte de vacillements, vertiges et angoisses, il s’agit au fond d’une chance. Ça peut paraître scandaleux surtout aujourd’hui mais ce qui dans un premier abord prend les allures d’une impasse donne la possibilité d’un passage. En effet dans le premier temps de l’épreuve de l’exil, le sujet est pris dans l’incertitude et l’angoisse de la détresse. Or, dans une logique d’élaboration psychique, ce temps de v o i r e s t s u i v i ( p e u t ê t r e s u i v i ) p a r l e m o m e n t d e c o m p r e n d re q u i d o n n e l a p r e u v e q u ‘ i l r e s t e q u e l q u e c h o s e à c o n c l u re . A u t r e m e n t d i t l ‘ é t a t d e d é t r e s s e e t d e s i d é r a t i o n p e u t ê t r e l ’ o p é r a t e u r d u p a s s a g e o ù l e s u j e t c o n c l u t q u ‘ i l n ‘ y a p l u s d ‘ a i d e à e s p é r e r d e p e r s o n n e e t o ù i l a p p r e n d à s e s e r v i r ( c o m m e d i s a i t F r e u d ) d e s e s p r o p r e s f o r c e s c o m m e i l c o n v i e n t . I l a p p r e n d à r é p o n d r e p a r l u i – m ê m e d e c e q u ‘ i l e s t .

A i n s i s i t o u s l e s e x i l é s s o n t d e s t r a u m a t i s é s c o m m e l e p r é t e n d l e d i s c o u r s a c t u e l , c ‘ e s t à c o n d i t i o n d ‘ a p p r é h e n d e r l e t r a u m a t i s m e p r o p r e à l ‘ e x i l c o m m e é t a n t d e l ‘ o r d r e d e l ’ a v è n e m e n t o r i g i n a i r e d ‘ u n t r a u m a s t r u c t u r a n t .

J e r e v i e n s d o n c à c e t t e q u e s t i o n d u d é p a r t q u i a s u s c i t é m e s r é f l e x i o n s a u t o u r d u t r a u m a t i s m e : c o m m e n t s e f a i t – i l q u e d e s m a n i f e s t a t i o n s   s y m p t o m a t i q u e s     a s s e z     b r u y a n t e s     d ‘ u n     v é c u t r a u m a t o g è n e , d i s p a r a i s s e n t p a r f o i s d è s l a p r e m i è r e r e n c o n t r e d a n s u n l i e u d ‘ é c o u t e . C e t t e q u e s t i o n j e p e u x l a f o r m u l e r d i ff é r e m m e n t : d e q u o i l e p s y p a r t i c i p e – t – i l ?

J e p e n s e q u ‘ i l y a p l u s i e u r s é l é m e n t s d e r é p o n s e .

To u t d ‘ a b o r d s i p a r l e r n e f a i t p a s f o r c e m e n t d u b i e n ( m a l g r é c e q u e p r é t e n d e n t u n c e r t a i n e s n o m b r e s d e t h é r a p i e s ) , ê t r e é c o u t é e t é v e n t u e l l e m e n t e n t e n d u , p e u t a p a i s e r. J e n ‘ a i a u c u n d o u t e q u a n d a u c a r a c t è r e e s s e n t i e l d e l ‘ a c c u e i l e t l a r e c o n n a i s s a n c e q u ‘ i l p r o p o s e a u s u j e t c o m m e u n e f o r m e d e r é i n t é g r a t i o n d a n s l ‘ o r d r e h u m a i n . P a r l e r à q u e l q u ‘ u n , l u i r a p p e l e r a u s s i q u ‘ i l p e u t p r e n d r e l a p a r o l e , c ‘ e s t e s s a y e r d e s e c o n s t i t u e r c o m m e a d r e s s e , s e f a i r e d é p o s i t a i r e d e s a p a r o l e c o m m e o n a l ‘ h a b i t u d e d e d i r e . O r, l e s u j e t p e u t s e s e r v i r d e c e t t e a d r e s s e a u s s i n o n p a s c o m m e u n d é p o s i t a i r e m a i s c o m m e d ‘ u n d é p o t – s ‘ y – t a i r e .

A i n s i j e f a i t l ‘ h y p o t h è s e q u e s i l e s m a n i f e s t a t i o n s s y m p t o m a t i q u e s d u t r a u m a t i s m e p r o t è g e n t d u t r a u m a , l e u r d i s p a r i t i o n p r o t è g e p e u t ê t r e d e l ‘ e n t r é d a n s l a n é v r o s e d e t r a n s f e r t . ( F. G u i l l e n r a p p e l a i t l a d e r n i è r e f o i s l e s p a r o l e s d e s o n p r e m i e r s u p e r v i s e u r q u i l u i d i s a i t q u e s i u n p a t i e n t g u é r i t s i r a p i d e m e n t d e s e s s y m p t ô m e s c ‘ e s t p o u r n e p a s f a i r e u n e p s y c h a n a l y s e ) .

To u t s e p a s s e c o m m e l e d é c r i v a i t p e u t ê t r e n a ï v e m e n t m a i s a v e c b e a u c o u p d e p r é c i s i o n u n e m a î t r e s s e d e m a i s o n q u i r é p o n d a i t à l a q u e s t i o n d ‘ u n j e u n e « q u ‘ e s t – c e q u e c ‘ e s t l e p s y c h o l o g u e » . E l l e l u i r é p o n d a i t : « c ‘ e s t c o m m e u n e b o î t e , t u m e t s l e s c h o s e s d e d a n s e t ç a n e r e s s o r t p l u s » ( e l l e p e n s a i t p a r l e r d e l a c o n f i d e n t i a l i t é ) . A q u o i l e j e u n e e n q u e s t i o n a r é t o r q u é : e l l e v i e n t q u a n d l a p s y c h o l o g u e ? J e d o i s l a v o i r d e s u i t e . »

R a c o n t e r u n e f o i s s e s d é b o i r e s e t s ’ a r r ê t e r l à , c ‘ e s t c o m m e s i t o u t d u s u j e t s e r é s u m e à s o n r é c i t , c o m m e s i t o u t s o n ê t r e s e r é s u m e à s o n t r a u m a o u à s o n e x i l . C e p e n d a n t , e n t o u t c a s d a n s m o n e x p é r i e n c e , l e s m i n e u r s q u e j e r e n c o n t r e s e r e t i r e n t d e l ‘ e s p a c e q u e j e l e u r p r o p o s e q u a n d i l s o n t é t é s u r p r i s à a b o r d e r a u t r e c h o s e q u e l e u r p a r c o u r s , q u e l q u e c h o s e d e l e u r h i s t o i r e s i n g u l i è r e q u i l e s c o n v o q u e à u n e p l a c e d e s u j e t . M a i s l ‘ i n d i s p o n i b i l i t é s u b j e c t i v e , n ‘ e s t – e l l e p a s l e s i g n e d e l ‘ i m p o s s i b i l i t é d e t r o u v e r u n e n o m i n a t i o n , c a d u n e i n s c r i p t i o n d a n s l e l i e u d e l ‘ A u t r e ? E t l ’ i r r u p t i o n d u r é e l d a n s l e t r a u m a e t l a c o n t a m i n a t i o n d u S y m b o l i q u e q u i s ‘ e n s u i t , n ‘ a – t – e l l e p a s u n e ff e t e x t r ê m e m e n t d e s u b j e c t i v a n t ?

E n o u t r e c e t t e i n d i s p o n i b i l i t é s u b j e c t i v e n ‘ e s t – e l l e p a s l a rg e m e n t s o u t e n u e p a r l ‘ A u t r e s o c i a l . J ‘ e n t e n d s p a r e x e m p l e s o u v e n t d e s é q u i p e s q u i a c c u e i l l e n t d e s g a m i n s t r è s c o m p l i q u é s ( d e s é q u i p e s d o n c q u i o n t d a n s u n s e n s u n s e u i l d e t o l é r a n c e a s s e z é l e v é ) , s e p l a i n d r e d è s l e s p r e m i è r e m a n i f e s t a t i o n s u n p e u s u b j e c t i v e s d ‘ u n m i n e u r é t r a n g e r i s o l é . O n n e p e u t p a s s e c a c h e r q u a n d m ê m e q u ‘ o n d e m a n d e à s e s j e u n e s d ‘ ê t r e s i l e n c i e u x e t r e c o n n a i s s a n t s . A i n s i i l n ‘ e s t p e u t ê t r e p a s é t o n n a n t q u ‘ i l s f o n t s o u v e n t l e c h o i x d ‘ u n e i d e n t i t é s a n s é p a i s s e u r, é d u l c o r é e , p l u t ô t l i s s e e t h y p e r a d a p t é e .

D ‘ o ù l ‘ é n o r m e d é f i t c l i n i q u e q u i c o n s i s t e à c o n t i n u e r à s o u t e n i r d e s d i s p o s i t i f s q u i i n v i t e à l a p r i s e d e p a r o l e p o u r d e s j e u n e s q u i s o n t s o u v e n t i n d i s p o n i b l e s s u b j e c t i v e m e n t e t d a n s u n c o n t e x t e s o c i a l q u i l e s i n v i t e s u r t o u t à s e t a i r e .

A f i n d e f i n i r d e c o n c l u r e c e t t e f o i s , j e v e u x é v o q u e r q u e l q u e s d ‘ a u t r e s d i ff i c u l t é s e t q u e s t i o n s e n r a p p o r t a v e c l ‘ a c t u e l l e p o l i t i q u e d ‘ a c c u e i l q u i m e s e m b l e – t – i l n ‘ a d ‘ a c c u e i l l a n t q u e l e n o m .

L a p r e m i è r e d i ff i c u l t é c ‘ e s t d e d é c a l e r l e s m i n e u r s d e l e u r s t a t u t d e

« t r a u m a t i s é » q u i h é l a s e s t l e u r s e u l e c h a n c e p a s t a n t d e t r o u v e r u n p e u d e c o m p a s s i o n m a i s s u r t o u t d e t r o u v e r u n e p l a c e c o n c r è t e d a n s u n d i s p o s i t i f . E n e ff e t f a c e a u v i o l e n t t r i m i s e n p l a c e p a r l ’ É t a t ( e t q u i n e s e m b l e p a s a l l e r v e r s u n a s s o u p l i s s e m e n t ) q u e p o u v o n s – n o u s p s y c h o l o g u e s , p s y c h i a t r e s , m é d e c i n s ? E t b i e n n o u s f a i s o n s d e s c e r t i f i c a t s , n o u s p r o d u i s o n s d e s é c r i t s p o u r d i r e c o m b i e n c e s s u j e t s v o n t m a l , c o m b i e n i l s s o n t t r a u m a t i s é s e t c o m b i e n i l s o n t b e s o i n d ‘ a i d e . A c t u e l l e m e n t d a n s m o n t r a v a i l c ‘ e s t l a s e u l e m a n i è r e q u e j ‘ a i t r o u v é e p o u r e s s a y e r d e f a i r e e n s o r t e q u e c e r t a i n s j e u n e s r e s t e n t a u f o y e r e t n e r e t o u r n e n t p a s à l ’ h ô t e l q u i e s t s a n s d o u t e u n e m i s e à l ‘ a b r i p h y s i q u e , m a i s   d o n t   l ’ a n o n y m a t   n ‘ a   r i e n   d ‘ u n   A u t r e a c c u e i l l a n t o ù i l s p o u r r o n t t r o u v e r u n h é b e rg e m e n t p s y c h i q u e .

D ‘ o ù m a d e r n i è r e r e m a r q u e . J e t r a v a i l l e d a n s u n d i s p o s i t i f a v e c u n e c o m m a n d e à l a q u e l l e j e n ‘ a d h è r e a b s o l u m e n t p a s . C ‘ e s t u n d e s e s d i s p o s i t i f s q u e l ’ É t a t e t l e s C o n s e i l s D é p a r t e m e n t a u x m e t t e n t e n p l a c e a f i n d ‘ é v a l u e r l e s d e m a n d e u r s d e p r o t e c t i o n q u i s e d é c l a r e n t m i n e u r s ( a v o i r m o i n s d e 1 8 a n s e t ê t r e s a n s r e p r é s e n t a n t s d e l ‘ a u t o r i t é p a r e n t a l e s u r l e t e r r i t o i r e f r a n ç a i s o u v r e a u t o m a t i q u e m e n t l e d r o i t à u n e p r i s e n e c h a rg e d a n s l e c h a m p s d e l a p r o t e c t i o n d e l ‘ e n f a n c e : h é b e rg e m e n t e n f a m i l l e d ’ a c c u e i l o u e n f o y e r é d u c a t i f , s c o l a r i t é , f o r m a t i o n e t c ) .

I l s ‘ a g i t c o m m e o n d i t , d e s d i s p o s i t i f s p l a t e f o r m e s . A u t r e m e n t d i t o n a c c u e i l l e n t d e s j e u n e s à q u i o n d e m a n d e d e r a c o n t e r l e u r p a r c o u r s e t a u t i t r e d e j e n e s a i s p a s q u e l p r é t e n d u s t a t u t d ‘ e x p e r t n o u s c o n c l u o n s s u r l e u r â g e . L e p r o c e s s u s d u r e a c t u e l l e m e n t d e u x s e m a i n e s a u x t e r m e s d e q u o i m ê m e s i n o u s d é c l a r o n s q u e r i e n n e p e r m e t d e m e t t r e   e n   d o u t e   l e s   d é c l a r a t i o n s   d e   m i n o r i t é   e t d ‘ i s o l e m e n t d e l a p e r s o n n e , n o u s s o m m e s d a n s l ‘ o b l i g a t i o n d e l a r e n v o y e r à l ’ h ô t e l o ù e l l e s e r a e n a t t e n t e d ‘ u n é v e n t u e l p l a c e m e n t e t d ‘ u n e é v e n t u e l l e p l a c e d a n s u n f o y e r. B i e n s û r « c e t o u r n o v e r » p e r m e t d ’ é v a l u e r u n e p l u s g r a n d e q u a n t i t é d ‘ e x i l é s .

M o n p r o p o s n e c h e r c h e p a s l a p o l é m i q u e e t n ‘ a p a s , e n t o u s c a s i c i , u n e c o l o r a t i o n i d é o l o g i q u e . J e p o s e u n e q u e s t i o n c l i n i q u e : q u e l e ff e t a s u r l e s s u j e t s l e r é c i t d e l e u r p a r c o u r s e t d e l e u r h i s t o i r e ? D a n s l e f o y e r o ù j e t r a v a i l l e n o u s e s s a y o n s d e m e n e r l e s e n t r e t i e n s c o m m e d e s v é r i t a b l e s r e n c o n t r e s o ù l ‘ a u t r e e s t i n v i t é à s e p r é s e n t e r. B i e n s û r i l n ‘ y a a u c u n e o b l i g a t i o n d e r é p o n d r e à d e s q u e s t i o n s e t l e s j e u n e s p e u v e n t s ’ a r r ê t e r q u a n d i l s l e s o u h a i t e n t ( d ‘ a i l l e u r s p a r f o i s c ‘ e s t n o u s q u i i n t e r r o m p o n s l e c o u r s d e l ‘ e n t r e t i e n q u a n d o n v o i t p a r e x e m p l e q u ‘ u n j e u n e s ‘ e ff o n d r e o u q u ‘ i l e s t s a i s i p a r u n e a n g o i s s e m a s s i v e . . . ) . J ‘ a i e n t e n d u p l u s i e u r s p e r s o n n e s d i r e à l a f i n d u p r e m i e r e n t r e t i e n q u e d é s o r m a i s i l n o u s f a i s a i e n t c o n f i a n c e p a r c e q u ‘ o n é t a i t a l l é v e r s e u x , o n s ‘ é t a i t i n t é r e s s é à e u x e t o n l e s a v a i t é c o u t é .

O r, i l s e t r o u v e q u ‘ e n c e m o m e n t l a p l u p a r t d e s j e u n e s q u i a r r i v e n t o n t v é c u v r a i m e n t d e s é p i s o d e s i n s o u t e n a b l e s . E t v o i l à q u ‘ u n d e s e s j e u n e s t r è s a ff o l é , m e r a c o n t e s o n h i s t o i r e m a i s a u s s i s o n c a u c h e m a r r é c u r r e n t . E t i l r a j o u t e à l a f i n « c ‘ e s t l a p r e m i è r e f o i s q u e j e r a c o n t e ç a à q u e l q u ‘ u n , e s t – c e q u e c e s o i r m o n é t a t s e r a e n c o r e p l u s g r a v e ? » . I l s e t r o u v e q u ‘ à c e m o m e n t i l d e v a i t r e t o u r n e r à l ’ h ô t e l p o u r y p a s s e r l a n u i t .

J e t r o u v e c e t t e q u e s t i o n t o u t à f a i t l é g i t i m e . Tr o u v e r u n e a d r e s s e p o u r d é p o s e r s a s o u ff r a n c e , a p a i s e , m a i s d a n s u n p r e m i e r t e m p s m e t t r e e n m o t s d e s é v é n e m e n t s t e r r i b l e s l e s r e n d p l u s a c t u e l s ( p r o x i m i t é é v o q u é e t o u t à l ‘ h e u r e d u s i g n i f i a n t e t d e l a C h o s e ) . A l o r s q u ‘ e s t – c e q u e ç a v e u t d i r e d e c r é e r d e s d i s p o s i t i f s a v e c d e s i n j o n c t i o n s à r a c o n t e r p o u r d e s s u j e t s s o u v e n t s o u s t r a u m a , s a n s g a r a n t i r u n e p e r m a n e n c e d e l ‘ a d r e s s e e t d e l ‘ a c c u e i l ?

A i n s i l e s e u l a rg u m e n t q u e j e r é p è t e e t j e m a r t è l e d e v a n t l e s f i n a n c e u r s – d é c i d e u r s e s t u n e o b s e r v a t i o n c l i n i q u e , à s a v o i r q u e c ‘ e s t j u s t e m e n t a u m o m e n t o ù l e s u j e t s e r é a m o r c e à d u d i s c o u r s q u ‘ e x p l o s e l a p é r i o d e f é c o n d e d u t r a u m a .

 

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7 novembre 2018

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Fonction du Symptôme et réalité psychique dans la psychose
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    De quoi l’amour est-il le nom en psychanalyse ? (Amour- Désir-Jouissance)
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    Etre de Filiation, être de symptôme
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    Fonction du Symptôme et réalité psychique dans la psychose
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    Intervención de Pierre BRUNO
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    La Chose révolutionnaire : la psychanalyse ?
    BRASSIE Rémi
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    La méthode clinique
    LAPEYRE Michel
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    La nécessité du symptôme
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    La passe à l’œuvre
    DELBOS Françoise
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    La passe réelle
    RIGAL Elisabeth
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    La phobie ou quelque chose cloche entre le langage et la pulsion
    SEGUIN Hélène
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    La psychanalyse dans son rapport au monde
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    La réponse à l'énigme du sujet : le radicalisme religieux ou le radical du symptôme
    SAURET Marie-Jean
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    La sublimation est ce par quoi le désir peut s’équivaloir à la lettre
    SEGUIN Hélène
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    L’amour a sa raison… (Le nouvel amour)
    GUILLEN Fabienne
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    Le papa de Simon
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    Le printemps de la psychanalyse
    BRIOLAIS Florence
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    Le risque, c'est de s'institutionnaliser
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    Témoignage cercle Lecture et Clinique a l'intention du bureau du Pari de Lacan
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    Une approche borroméenne de la fonction du symptôme - Nomination et nouage
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